Séminaire organisé le 18 décembre 2009, par la Chaire Innovation & Régulation des Services Numériques.
L’économie numérique est aujourd’hui à la recherche de nouveaux modèles d’affaires. De plus en plus fréquemment, les nouveaux services proposés le sont sans que la soutenabilité de leur exploitation soit assurée : les innovateurs sont à la recherche des formules qui permettront de mettre en face des coûts de production de ces services, des recettes que le marché accepte de générer.
Qui plus est, sur des activités en nombre croissant, différents modèles d’affaires sont souvent testés. Nous voyons surgir une concurrence entre ces modèles : la concurrence s’est déplacée des services vers les modèles d’affaires qui permettent de les rendre solvables. L’innovation concerne aujourd’hui autant les modèles d’affaires que les produits eux-mêmes. Il ne suffit plus d’innover en termes de produits, il faut également proposer la façon de commercialiser ce produit de façon à en rendre solvable le marché potentiel.
Le séminaire tenu en décembre a mis en évidence un certain nombre d’enseignements, notamment en comparant les analyses européennes à celles produites sur un marché de dimension incomparable comme l’est le marché chinois. Le séminaire confirme la mutation importante de l’économie des services introduite par l’ampleur de la plateforme que représente Internet. Cette plateforme est unique par le nombre d’internautes qu’elle permet d’atteindre, à condition de surmonter les contraintes de segmentation qui peuvent s’y manifester (linguistiques, culturelles…) et permet une économie renouvelée de l’offre de services bâtie non plus sur des économies d’échelle, mais sur des externalités puissantes (exemples des réseaux sociaux : Facebook, QQ,…).
Internet abaisse considérablement les barrières à l’entrée pour atteindre des masses de plus en plus importantes d’usagers ou de consommateurs, mais élève de façon corollaire les coûts de capture de leur attention : une recherche accrue de fréquentation de nature virale, recourant aux réseaux sociaux, se met alors en place. Capter l’attention devient de plus en plus précieux et coûteux. La recherche des lieux de fréquentation, online ou offline, où les passants disposent de temps disponible s’intensifie (aussi loin, par exemple que les temps d’attente devant les ascenseurs), tout comme la recherche de motifs de fréquentation et d’attention (expertise disponible, événements, etc.).
Le rôle de la gratuité dans les modèles d’affaires de l’économie numérique se développe : il est de plus en plus rare qu’un service de base ou une facette du marché ne soit pas fourni gratuitement, de façon à initialiser le marché ou assurer une fréquentation sur laquelle d’autres services pourront s’appuyer (par exemple, accès gratuit à des jeux et vente d’accessoires). Pour pouvoir monétiser cette fréquentation, différents outils s’avèrent désormais indispensables ; d’abord des outils de mesure de la fréquentation qu’Internet facilite techniquement mais dont la régulation posera sans doute question, d’autre part, des mécanismes de paiement (sur mobile ou sur Internet) sécurisés par des tiers de confiance, y compris pour le micro-paiement, doivent accompagner les nouveaux modèles d’affaires.
Enfin, la difficulté à trouver des modèles d’affaires soutenables que révèle l’analyse d’un certain nombre d’échecs, illustre la façon dont Internet impose d’une certaine façon son modèle à des pans de plus en plus larges de l’économie.